AOUT-SEPTEMBRE. — LES ROMANS 275
à notre sympathie; le livre de M. Alfons Maseras en a d'autres : c'est une œuvre tout à fait originale, de pensée profonde et généreuse, roman philosophique auquel l'auteur a su donner presque toujours cette qualité rare et précieuse entre toutes : la vie.
L'aventure d'Olga Ronaldi et d'Emmanuele Tosti, celle du volage Danilo et d'Edith Rethel nous offrent le commentaire romanesque et dramatique de la légende chrétienne de l'arbre du bien et du mal, lequel n'est autre que l'amour, source de laideur et de beauté, de joie et de tristesse, d'horreur et d'harmonie, qui sont parfois confondues, selon la théorie assez roman- tique d'Emmanuele.
Ces personnages symboliques aiment et souffrent et s'en vont ballottés du bien au mal, du sublime ana- chorète Fra Gerai'do à la satanique sorcière Comare Screpola, ils marchent avec quelque chose de fatal planant sur leur tête, et ils songent, enivrés et terrifiés à « l'expulsion du premier couple humain du Paradis terrestre, à la colère de Dieu, à l'épée flamboyante de l'Archange »...
Et c'est, avec ses obscurités, dans sa forme pitto- resque, heurtée, une œuvre souvent poignante, jamais indifférente.