MARS. — LES ROMANS 69
dénouement tragique. Malgré les préjugés nobiliaires de sa famille, parce qu'elle aimait, Gatrielle d'Eurté a épousé le roturier Cyrille Matheau et le malentendu de caste, un instant désarmé par Tamour, est apparu terri- blement entre les deux époux aux caractères orgueil- leux, implacables. Ils s'adorent pourtant, il suffirait qu'ils se le disent, mais c'est « l'impossible aveu » et lorsque, après des aventures fort dramatiques, Gabrielle se décide à cet aveu, il est trop tard, son mari ne peut supporter un tel choc : il tombe aux pieds de sa femme, foudroyé par l'émotion.
MAURICE MONTÉGUT
Petites Gens et grands Cœurs.
Petites Gens et grands Cœurs, le dernier roman de Maurice Montégut était en cours de publication lorsque la mort surprit ce romancier excellent, si remarquable- ment doué, et qui n'a pas donné toute sa mesure parce qu'il a trop produit. On retrouve dans cette dernière œuvre les qualités qui firent la réputation de Maurice Montégut et par-dessus tout, ce culte, cette exaltation de la bonté, non pas de cette bonté négative, pleurarde et moutonnière qui gémit sur les malheurs de l'huma- nité, mais d'une bonté forte, agissante, virile, qui sauve et qui répare.
C'est l'histoire très romanesque, très mouvementée, de deux braves gens, commerçants retirés, qui, pour charmer les loisirs de leur retraite, ont recueilli une petite fille abandonnée et se sont acharnés, contre des forces ennemies coalisées, à la rendre heureuse. Ils ont eu fort à faire, et jamais sans doute leur vie ne fut si occupée et si mouvementée que depuis leur retraite; mais après maintes péripéties, ils parviennent à leur