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L’Art poétique de Thérèse.



Hier, penchant sur moi ta mignonne tête
Blonde, où tout sourit et paraît joyeux,
Tu me regardais écrire, inquiète,
Et sur le papier promenant tes yeux.

Tes bras nus sortaient a demi des manches,
Et tu demandas d’un ton enjoué,
Me voyant noircir tant de feuilles blanches,
« Si je travaillais pour un avoué ? »

Non. Les avoués, ma chère petite,
De ce travail-là seraient mécontents,
Et sauraient purger leur maison bien vite
D’un être qu’on voit perdre ainsi son temps.

Car ce que j’écris, on le considère
Autant qu’un liard qui n’a plus de cours,
Sa valeur encore est plus secondaire ;
C’est une chanson faite pour des sourds.

J’exerce un métier rude et difficile :
Lorsque l’on veut bien faire ce métier,
On se voit traiter partout d’imbécile,
On ne trouve plus à se marier.