Aller au contenu

Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Qui me retient ? Qui donc m’empêche
De chanter en vers séduisants ?
Ah ! c’est toi, c’est l’odeur si fraîche
          De tes seize ans ;

C’est ton sein dont la gorgerette
Me dévoile la blanche chair,
C’est ta lèvre en fleur où s’arrête
          Un rire clair ;

C’est ta chevelure divine,
Le son de ta voix entendu ;
C’est ta prunelle où je devine
          Un ciel perdu !

C’est toi seule qui m’inquiètes,
Toi, qui demain me trahiras.
Tiens, je suis lâche, et les poètes
          Sont des ingrats !

À la grande Muse éternelle
Ils préfèrent un frais chiffon,
Aux chants sacrés, la ritournelle
          D’une chanson.

Mais cette chanson est charmante,
Et fait si bien valoir ton cou,
Ce joli chiffon est l’amante
          Dont on est fou.