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Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/215

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Soirs d’Hiver.


À Étienne Carjat.


Lentes, lourdes et solennelles,
Les heures tintent sourdement.
J’entends chanter les ritournelles
D’un très-vieux air triste et charmant.

Les yeux demi-fermés, j’évoque
Mille visions d’autrefois ;
Pleines d’une grâce équivoque,
Elles se lèvent, je les vois :

Fantômes aux robes traînantes,
Spectres de spectres, à cheval
Sur d’impossibles Rossinantes,
Mélancolique carnaval !

Celles dont les doigts étaient roses
Jadis, et maintenant sont verts,
Laissent fuir de leurs lèvres closes
Les rimes de mes anciens vers !