Aller au contenu

Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Promenades d’Hiver.


À Albéric Second.


     Dimanche : le soleil, dont les pâles rayons
Nous font renaître encor lorsque nous les voyons,
Luit dans le brouillard froid et gris ; les cheminées
Se dressent sur les toits, noires, chaperonnées
De tôle ; sur la place, écoutant les accords
D’un orchestre guerrier, leurs beaux habits dehors,
Mille bourgeois joyeux flânent avec leurs femmes,
Dont les vastes chapeaux ont des couleurs infâmes,
Mais qui font cependant plaisir à voir. On sent
Passer je ne sais quoi de gai, de caressant,
Dans l’air vif de décembre ébranlé par les cloches :
Tout grouille, tout babille, et, les mains dans les poches,
Moi, je suis doucement les filles aux yeux doux,
À qui le rire met de jolis petits trous
Au visage, et qui vont, alertes et discrètes,
Cueillir furtivement la fleur des amourettes.