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Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/31

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sans désemparer, les poésies de Victor Hugo, d’Alfred de Vigny, de Charles Baudelaire et de Leconte de Lisle.

Il acheva de se déniaiser à Paris, aux abords de la brasserie des Martyrs, en compagnie de Baudelaire, de Monselet, de Malassis, de Charles Bataille. C’est alors qu’il donna les Vignes folles. Il avait dix-huit ans.

Comme il avait deviné Ronsard, il devina Paris à première vue, et fut Parisien du premier coup ; mais son humeur vagabonde l’emporta et il reprit sa vie errante.

Comment conter ce roman comique ? comme il le sentit, avec toutes les illusions d’un halluciné qui vit dans un rêve perpétuel ? Le récit en serait magnifique, mais il faudrait, pour le faire, une imagination d’une trempe singulière. Devrai-je, par contre, m’arrêter à toutes les misères, à toutes les humiliations qu’il n’a pas soupçonnées lui-même ? Ma relation serait bien triste et bien monotone. Et à quoi bon ? ce trait seul ne suffira-t-il pas ? C’était aux environs de 1864. Glatigny, déjà malade et crachant le sang,