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Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/315

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Nous sommes le barrage, après la crue ôté,
Qui préserva Paris des flots. Ô cruauté
Du Destin qui nous taille une telle croupière !
Pourquoi celer Sipière ?

Oh ! les dix mille francs d’antan ! Vingt sous à l’un,
Cent sous à l’autre, assez pour aller à Melun
Manger une friture à l’ombre un clair dimanche
Et reposer nos bras qu’un dur labeur démanche.

Reviens pour nous donner du courage à la main,
Toi y notre guide aimé, notre étoile, où demain
Planera sur ton front l’ombre de Robespierre !
Chasse-la, bon Sipière !

A-t-il fait pacte avec les fils de Madian ?
Est-il républicain ? serait-il fenian ?
Non ! c’est à peine si l’allumette amorphe ose
Même en rêve éclairer cette métamorphose !

Dans les bouchons où l’on donne du thé sans thé
Nous buvions si gaîment jadis à ta santé !
Sont-ce les cuirassiers, ces traîneurs de rapière,
Qui t’ont séduit, Sipière ?

Reviens, nous avons soif, arroser notre bec,
Mais quoi ! c’est comme si nous jouions du rebec ;
Rien ne vient ; nous séchons sous nos rudes écorces…
Ô du Chaillu ! l’Afrique est dans nos gosiers corses !