Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fiancé, à qui on demandait avec tant d’ardeur et de déférence le consentement au mariage, put écrire enfin et envoyer aux fiancés une lettre que je n’ai pas, mais que je devine, et dont le sentiment affectueux et grave répondit admirablement à l’amour profond du poète et de la sœur. Qu’elle fut sage et bonne, cette lettre, cette double lettre (car il y avait une page pour l’un et une page pour l’autre), qu’elle fut bien venue ! la réponse que j’ai sous les yeux n’est qu’un cri de joie, une poussée de bonne gaieté, un gros rire entre des larmes : la famille du fiancé était en deuil et Albert Glatigny pleurait son cousin Albert Dupont, pauvre enfant mort pour la patrie. Glatigny n’a d’yeux que pour son Emma. Cette gracieuse Parisienne se mêla, à ce que je vois, de cuisine normande : elle voulut faire fondre du beurre dans un plat d’étain, c’est le plat qui fondit. Et voilà notre amoureux dans l’enchantement[1]. Comme c’est bien ainsi que vont les heures quand on

  1. Lettre du 1er janvier.