Page:Glatigny - Joyeusetés galantes et autres, 1884.djvu/73

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Une légère tache d’ombre
Autour de tes yeux vient bleuir,
Afin que ta prunelle sombre
Puisse mieux briller et s’enfuir.

Pas un endroit qui par le plâtre
Sur ta face ne soit atteint,
Et tes lèvres que j’idolâtre,
C’est le vinaigre qui les teint.

Je t’aime ainsi, c’est mon idée,
Pour ta beauté faite de soins ;
Si je te voyais moins fardée,
Sans doute tu me plairais moins.

Qu’importe qu’elle soit factice,
Pourvu que, bien harmonieux,
Son assemblage retentisse,
Chant et lumière pour les yeux ?

Elle est pareille à nos ivresses,
Cette beauté qui trompe et ment,
À nos artistiques caresses
Qui dérobent un bâillement.