Page:Glatigny - Joyeusetés galantes et autres, 1884.djvu/88

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Vous me voyez souvent sombre et pensif, madame ;
Vos yeux, en vain, sont pleins de cette ardente flamme
Qui dévorait Lesbos,
Ma pensée est ailleurs, et, tourmenté d’un rêve
Absurde, devant moi qui vous aime, se lève
Le spectre de Buloz !

Je crois que ce vieillard qui demeure en la rue
Saint-Benoit, et qui porte, ainsi qu’une verrue,
Son recueil odieux,
N’a pas une belle âme, et, c’est fort triste à dire,
Ferme sa porte au nez de ceux qui, sur la lyre,
Célèbrent les grands dieux.

Nos plus belles chansons, madame, celles même
Où j’ai déifié votre grâce suprême
En des vers pleins de feu,
Le laissent froid. Jamais il ne rend de services
Aux poètes qui n’ont pas d’argent ; et nos vices
Ne le touchent que peu.

Seul, pourtant au milieu de cette presse impie,
Il pourrait noblement payer notre copie,
Mais il ne le fait pas ;