Page:Glatigny - Vers les saules, 1870.djvu/20

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Tout rajeunit pourtant malgré les envieux !
Vous aimiez une femme, et la femme inconstante
Vers un autre pays porte aujourd’hui sa tente !
Mais n’est-il qu’une vigne au monde où les raisins
Mûrissent ? Il en est sur les coteaux voisins
Où la grappe sanglante est encore accrochée.
Nous pouvons nous donner la main. Je suis fâchée
Avec Léon. Léon fut mon amant jadis.
Eh bien, nous chanterons un seul De Profundis,
Pour l’amour de Léon, pour l’amour de la belle !
Mais les pleurs sont fatals aux yeux. Je me rebelle
Contre le spleen morose et les pleurs ennuyeux !
Ma bouche veut s’ouvrir pour les éclats joyeux.
Or j’ai quitté Paris et j’ai pris les gondoles
Pour les champs embaumés où, sous les girandoles,
Étoiles que l’on met aux feuillages touffus,
Les sons du violon, mêlés aux bruits confus,
Semblent prendre nos pieds et leur coudre des ailes !

Henri.

Où, dans le bal poudreux, de vives demoiselles
Passent les yeux chargés de flammes et d’éclairs,
Où les vins du bouchon, que l’eau sut rendre clairs,
Se boivent si gaîment sous la verte charmille,
Où tout rayonne, où tout flamboie, où tout fourmille !

Blondine.

Votre regard s’anime en en parlant. Pourquoi