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Premier Péché

guement elle s’arrêta, ne sentant plus la bise froide qui bleuissait ses membres menus ; tout à son extase, rien ne la troublait — et ses regards admiratifs allaient aux jouets très simples, elle se disait sans doute : ceux-là pourraient m’appartenir – mais les autres ?

Les riches joujoux des grands étalages sont-ils pour les pauvres !

Une fillette s’avançait, tenant la main de son père ; elle était jolie sous sa capeline bleue d’où s’échappaient des flots d’or bien blonds. Elle aussi, s’arrêta, pour regarder. Son père docile l’imita. Après avoir exploré les vitrines, elle jette un regard sur sa petite voisine.

— Vois donc, papa, comme elle a froid… elle est pauvre, et Santa Claus ne lui donnera rien ?

Et tu voudrais le remplacer peut-être ? Oh ! oui, papa.

— C’est bien, ma chérie, remplaçons Santa Claus.

Dans un adorable mouvement, la blonde enfant s’approcha.

— Dis, que veux-tu là pour tes étrennes ?

La pauvre innocente, réveillée en plein rêve, pencha la tête, ne répondit pas.

La voix de l’enfant se fit plus douce : « Veux-tu cette belle poupée, cette bercelonnette, ce service de vaisselle, veux-tu ce petit poêle, cette voiture, ces sacs de bonbons ? veux-tu ? »

Et la pauvrette ne répondait pas encore.

Sans se lasser l’autre petite reprit : Choisis alors ?

D’une voix toute hésitante :

— Je voudrais ce beau cheval.

Un cheval, s’écria la jolie donneuse, un cheval ! Mais tu ne t’amuseras pas avec un cheval ?

— Oh ! ce n’est pas pour moi, j’aimerais bien mieux une poupée — c’est pour mon petit frère Jacques qui est tout petit et malade, il sera si content.

— As-tu un papa ? questionna la généreuse enfant.

— Non, mais j’ai une maman, et nous sommes pauvres, finit-elle tout bas.

Dis-moi où tu restes, afin que je donne ton adresse à Santa Claus, n’est-ce pas, petit père ? fit-elle, en se rapprochant, toute câline, du papa heureux et fier.

Tout en feignant d’examiner la vitrine, j’avais tout entendu. Bientôt je vis partir ma pauvrette radieuse, un grand cheval dans