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longueur et demie, et pour me servir d’une langue moins profane, il est digne de délier les cordons des souliers de Shakespeare. Orgueilleux de bonne foi, nègre au teint pâle, cheveux crépus, œil vif, bouche sensuelle, il a l’air d’un sultan de comédie qui use sa dernière douzaine de mouchoirs ; revenu des lointains pays, fatigué des Muses et blasé sur les amours, il a gardé pour la joie de ses derniers jours sa santé de fer et son incomparable estomac. Populaire et partout bien reçu, à lui tout seul, s’il faut l’en croire, et il ne le faut pas, il a fait Louis-Philippe et défait François II. Familier des grands, camarade de Garibaldi, lié, tour à tour et à de longs intervalles, avec les brigands d’Espagne et les princes du Caucase, il n’en est ni moins gai, ni plus fier, et comme le pigeon de La Fontaine, il raconte à ses frères, qu’il désennuie, ses aventures et ses voyages. Rien ne lui est étranger, ni le monde, ni la littérature, ni la cuisine : il tient la queue de la poêle et retourne une omelette de la main qui détrôna les rois et fit Monte-Cristo. »

Le portrait à coup sûr n’est pas flatté, mais il nous montre bien Alexandre Dumas sous ses aspects divers et résume agréablement la vie de notre héros. Nous savons maintenant à qui nous avons affaire et nous allons reprendre les choses de plus haut.

Alexandre Dumas Davy de la Pailleterie est né à