Page:Gobineau - Adelaïde - 1914.djvu/41

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Celle-ci commença à se trouver dans un certain embarras, mais elle tomba bientôt dans une perplexité pire. Elle avait l’habitude assez judicieuse d’aimer à se rendre compte de tout. Les principes sont choses admirables; malheureusement, dans l’état d’imperfection où s’agite la nature humaine, ils nécessitent des applications rarement irréprochables. Il arrivait à Elisabeth d’exécuter des visites domiciliaires chez son mari pendant que celui-ci était dehors. Un beau jour, elle tomba sur un billet d’Adélaïde et bien que le texte fût insignifiant ou, pour mieux dire, incompréhensible, il en résultait que ce billet avait eu des frères aînés et aurait certainement des cadets en quantité inappréciable. Cette découverte conduisant Madame de Rothbanner à éclaircir de plus en plus près la conduite de Frédéric, elle ne fut pas tout à fait certaine que, sous prétexte d’affaires de service, il s’absentait de la ville, mais elle eut lieu de le soupçonner. Le fait est que les chevaux du mari étaient surmenés. De sorte que pressée de toutes parts, blâmée par la grande-duchesse, tenant avant tout à conserver sa position de mère incomparable, clef de la situation dans la manœuvre qu’elle suivait, se voyant tournée par l’ennemi, que dis-je ! soupçonnant cet ennemi d’avoir dans la place les plus belles intelligences, elle se décida à un changement de front, écrivit à Adélaïde que ses supplications l’avaient vaincue, l’alla chercher elle-même chez la tante Thérèse et la ramena en triomphe. Il n’en est pas moins vrai, qu’ayant gagné la