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Page:Gobineau - Les Pléiades, 1874.djvu/273

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CHAPITRE QUATRIÈME

Je n’ai pas expliqué assez nettement l’impression produite par la lettre de madame Tonska sur Jean-Théodore.

Au milieu de grandes et belles qualités, il y avait dans le souverain de Burbach certaines préoccupations que, sans injustice, on pourrait qualifier de mesquines. Il avait considéré la conduite de la comtesse envers lui comme un manque de respect autant que comme un manque d’amour ; et, s’il avait souffert du second, il avait été particulièrement blessé du premier. Jean-Théodore n’admettait pas qu’on pût lui manquer de respect. Il nourrissait, à ce sujet, une susceptibilité maladive, et qu’il condamnait lui-même dans son for intérieur ; malheureusement il avait, en tout, plus de tempérament que de raison.

Le départ de Sophie lui paraissait insolent ; cette sensation avait beaucoup calmé sa fougue. La générosité ne lui fut donc pas très-difficile, bien qu’au premier moment il y eût quelque chose d’amer dans la préférence donnée au jeune sculpteur, préférence dont la comtesse n’avait nullement daigné lui expliquer la nature et les limites. Elle eût cru, en le faisant, se manquer à elle-même. De sorte que Jean-Théodore en garda une muette rancune à la femme qui l’avait humilié. Il lui en voulait encore pour un autre motif. Sa vie, était triste et maussade. Il ne croyait pas à l’avenir de sa principauté.