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Page:Gobineau - Les Pléiades, 1874.djvu/281

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il mourait, il lui fallait mourir, et tous les mérites possibles n’empêchaient pas que le sang de ses veines ne fût stagnant et refroidi.

— Ah ! s’écria Laudon, c’est que toutes ses croyances étaient erreurs et que l’erreur porte la mort avec elle !

— En êtes-vous bien certain ? répliqua vivement le prince. L’empire entier n’avait été florissant, énergique, dominateur que précisément lorsque ses erreurs s’étaient montrées le plus dignes de condamnation et les vertiges poussés jusqu’à la folie ; que dis-je ? Les fêtes de Vénus, les Lupercales, la dépravation d’une part, la brutalité de l’autre, n’avaient jamais enrayé une minute le char triomphant des prospérités romaines. Croyez-moi, l’univers ancien mourait non parce qu’il avait tort, mais parce qu’il était au bout des temps marqués pour son existence et que la jeunesse verdissante mettait le pied sur son corps flétri par les siècles.

— Monseigneur, s’il en est ainsi, vous donnez raison à Nore ! Il vous écoute avec une satisfaction visible et se garde de prendre la parole dans sa propre cause si bien défendue.

— Je suis charmé que M. Nore soit de mon avis, repartit Jean-Théodore en souriant, et cela me donne du courage.

— Vous êtes trop bon, Altesse, dit Nore en s’inclinant.

— Et moi, me voilà réduit au silence, s’écria Laudon, et je dois conclure que désormais il n’y a plus rien à faire, qu’il faut s’abstraire de tout, s’asseoir à terre dans un coin, et, autant que possible, auprès d’une eau courante, car, en tournant ses pouces, on aura du moins la seule distraction rationnelle, celle de voir couler quelque chose.

— Vous vous trompez, reprit Jean-Théodore, et, plutôt