Page:Gobineau - Mademoiselle Irnois - 1920.djvu/89

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s’agit ici. Pour Emmelina, c’était le bonheur complet, l’extase entière.

Elle n’avait ni écouté, ni entendu la série de questions que Jeanne avait adressées en son nom : partant, elle n’y répondit rien. Ce que voyant, la domestique se mit à causer pour son propre compte avec le tourneur.

Jeanne questionna le jeune ouvrier sur son âge, sur son état, sur sa situation. Emmelina faisait grande attention aux réponses. Elle sourit d’une façon tout émue, quand le petit voisin se plaignit de la dureté du temps et de la peine qu’il avait à gagner sa vie, et qu’il ajouta :

— “Ma foi ! il y a des moments où on me donnerait un peu plus d’argent que je n’en gagne, que je serais fort content !”

Emmelina prit la parole et dit à Jeanne : “Allons dans ma chambre.”

— “Oui, ma petite… Eh bien ! adieu, mon garçon, à revoir !”

— “Non !” dit Emmelina.

— “Tu veux qu’il vienne dans ta chambre avec nous ?”

— “Oui”, dit Emmelina.

— “Allons, jeune homme, venez !… Mademoiselle a aujourd’hui de singulières idées.”

Quand le trio fut arrivé dans le sanctuaire :

— “C’est ici que je demeure”, dit Mlle Irnois en regardant l’ouvrier avec une tendresse indicible.

— “Ah ! oui, mademoiselle !” répondit celui-ci.

Au fond, ce qu’on lui disait lui était parfaitement indif-