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Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques, ill. de Becque, 1924.djvu/135

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C’est la ruine ! c’est le fléau irrésistible ! c’est la perte !… Marchons, pourtant, retournons ! dans un quart d’heure, il serait trop tard !

Comme il achevait ces derniers mots, une voix s’écria à l’entrée de la caverne :

— Viens, Kassem, viens !

Kassem frissonna de tous ses membres. Il lui sembla reconnaître cette voix. Mais l’Indien le saisit avec force, et l’entraînant moitié contraint, lui cria :

— N’écoute pas, ou tout est perdu ! La voix se fit entendre de nouveau.

— Viens, Kassem, viens !

Kassem devint comme fou. Il reconnaissait tout à fait la voix ; mais son vieux maître l’entraînait toujours et lui criait :

— Ne le retourne pas ! n’écoute pas ! Suis-moi ! Je sais que je vais mourir ! Mais, au moins, au moins, qu’en mourant, je trouve !

Kassem se laissait emporter, Il allait, il était traîné, mais il ne résistait pas. Son : affection pour son maître, une curiosité fébrile, furieuse, le dominait. Il savait qui l’appelait : il n’avait plus d’autre volonté que de courir au-devant du terrible mystère. Tout à coup, il se trouva contre la roche, à l’endroit même où quelques instants auparavant ses mains avaient touché.

— Mets-toi là, dit l’Indien en le poussant dans le fond d’une sorte d’anfractuosité ; là ! là ! Bien ! Tu risques moins, et maintenant, je le sais, je le sens, je vais tout savoir !

Kassem l’entendit de nouveau gémir, pousser, tirer, frapper ; et, en même temps, ses cheveux se dressèrent d’horreur, car le derviche prononçait, dans une langue absolument inconnue, des formules gutturales dont la puissance était certainement irrésistible. Soudain un fracas épouvantable se fit entendre dans la grotte ; Kassem sentit les pierres s’agiter, la terre vaciller sous ses pieds, les rochers glissèrent sous ses mains, la lumière entra de toutes parts ; un éboulement épouvantable venait d’ouvrir la voûte ; il regarda, il ne vit plus le derviche, et, à la place où ce sage et tout puissant magicien avait dû