Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


II


L’ILLUSTRE MAGICIEN
PERSE
_____


Le derviche Bagher raconta un jour l’histoire suivante, sur l’autorité d’Abdy-Khan qui, lui-même, l’avait apprise de Loutfoullah Hindy, lequel la tenait de Riza-Bey, de Kirmanshah, et ce sont tous gens parfaitement connus et d’une véracité au-dessus de tout soupçon.

Il y a peu d’années, vivait, à Damghan, un jeune homme appelé Mirza-Kassem. C’était un excellent musulman. Marié depuis peu, il faisait bon ménage avec sa charmante femme. Il ne buvait ni vin ni eau-de-vie, de sorte que jamais le voisinage n’entendait de bruit du côté où il demeurait ; circonstance, soit dit en passant, qui devrait être plus commune chez des peuples éclairés de la lumière de l’Islam ; mais Dieu arrange les choses comme il lui plaît ! Mirza-Kassem n’étalait point de luxe, ni de dépenses extravagantes ; il dépensait, d’une façon tout à fait convenable, une rente sise sur deux villages et les revenus d’une