Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/117

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immédiate. Prenez ma main, et tenez mes doigts de façon à sentir le battement de l’artère ; qu’en dites-vous ?

— L’artère, répondit Mirza-Kassem un peu étonné, bat aussi régulièrement qu’elle le doit.

— Attendez, reprit le derviche en inclinant la tête, et d’une voix plus basse, comme s’il concentrait toutes ses facultés sur ce qu’il allait faire ; attendez, et le pouls va graduellement cesser de battre.

— Que dites-vous là ? s’écria Mirza-Kassem au comble de la surprise. C’est ce qu’aucun homme ne saurait faire.

— C’est pourtant ce que je fais, répondit le derviche avec un sourire.

Et, en effet, le pouls se ralentit degré par degré, puis devint si faible que le doigt de Mirza-Kassem avait peine à le retrouver et, enfin, cessa absolument. Mirza-Kassem resta confondu.

— Quand vous le commanderez, dit le derviche, le mouvement renaîtra.

— Faites-le donc renaître !

Il se passa quelques secondes et le mouvement tressaillit de nouveau, s’accentua, et, peu à peu, reprit son ampleur naturelle. Mirza-Kassem regardait le derviche, et était partagé entre des sentiments, qui tantôt tenaient de l’admiration, et tantôt de l’effroi.

— Je viens de vous montrer, dit le personnage singulier, qui le tenait ainsi sous le charme, ce que je