Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/211

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de marche, on arriva à Téhéran, la Demeure de la Souveraineté, suivant l’expression officielle, et les négociations commencèrent entre le Prince et les colonnes de l’État. De part et d’autre, beaucoup de ruses furent déployées, on menaça, on fit des promesses sans nombre, on chercha des moyens termes. Tantôt la question avançait, tantôt elle reculait. Le grand-vizir était porté à la sévérité ; la mère du Roi inclinait à l’indulgence, ayant reçu une belle turquoise, bien montée et entourée de brillants d’un prix convenable. La sœur du Roi montrait de la malveillance ; mais le chef des valets de chambre était un ami dévoué ; il était contredit, il est vrai, par le trésorier particulier du palais, soit ! mais, quant au porteur de pipe ordinaire, on ne pouvait douter de son désir de voir tout finir pour le mieux. Gambèr-Aly se souciait peu de ces grands intérêts. Ses affaires commençaient à tourner assez mal et, souvent, des inquiétudes lui venaient sur son sort. Il y avait de sa faute.

Se voyant un peu gâté, il avait résolu, à part lui, de ne rien donner ni au Ferrash-Bachi, ni au pishkedmèt Assad-Oullah. Bien que, à la connaissance universelle il eût eu déjà des occasions fréquentes de réaliser des profits, il avait toujours prétendu, contre l’évidence, que son dénuement était extrême, ce qui ne l’empêchait pas d’être au jeu une partie du jour et de montrer de l’or avec assez d’ostentation. Ses deux protecteurs avaient, à la fin, ouvert les yeux. C’étaient des gens