Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/230

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jours et que sa guérison marcherait d’autant plus vite que la persuasion lui viendrait de n’avoir plus rien à craindre des parents de Kérym, ni du Roi, ni de personne. Ces assurances venant d’un personnage aussi distingué que Hakim-Massy ne laissaient pas que de faire impression sur le jeune homme, et comme la négresse le confirmait toute la journée, le trouble de son imagination se remettait peu à peu. Lorsque le malade fut en état de prendre goût aux distractions, il fut visité par un moulla fort aimable qui le félicita de son heureux destin ; par un marchand très connu au bazar qui lui offrit une jolie bague de turquoises, par un cousin au septième degré du chef de la tribu des Sylsoupours qui l’invita à venir chasser chez lui au faucon, aussitôt qu’il se trouverait tout à fait remis. Dès qu’il commença à se lever, il apprit de sa négresse qu’il avait quatre domestiques à son service et pouvait demander sans crainte ce qui lui serait agréable.

— Mais, tante de mon âme, s’écria enfin Gambèr-Aly, qui suis-je donc ? Qui êtes-vous ? Est-ce que par hasard, on m’aurait coupé le cou sans que je m’en aperçusse ? Suis-je déjà dans le paradis ?

— Il ne tient absolument qu’à toi, mon fils, repartit la négresse, de faire en sorte qu’il en soit ainsi, et cela sans te chagriner d’aucune façon. En tous cas, et pour le moment, tu es certainement un personnage de condition, puisque te voilà nazyr, te voilà intendant en chef de la fortune et du domaine de Son Altesse Per-