Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/24

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uns méritent tout au plus d’être mentionnés : deux commis français dont l’un venait au Caucase pour acheter de la graine de vers à soie, et l’autre pour se procurer des loupes d’arbres ; un Hongrois, voyageur taciturne ; un passementier saxon allant en Perse chercher fortune.

Ce ne sont là que des comparses étrangers à notre histoire. Nous nous attacherons davantage à ceux qui suivent. D’abord se présentait la maîtresse de la maison, madame Marron (aîné), laquelle devait présider le festin.

C’était une bonne grosse personne ; elle avait certainement franchi la quarantaine, mais nullement laissé de l’autre côté de cette frontière la prétention de séduire : du moins ses regards fort aiguisés l’affirmaient et tenaient le pied de guerre. Madame Marron (aîné), haute en couleurs, dépassant peut-être, dans l’envergure entière de sa personne, une mesure modeste de moyens de plaire, les développant, au contraire, avec une générosité prodigue, portait des boucles noires répandues en cascades le long de ses joues et ralliant sa ceinture d’un air fort agaçant. Cette dame avait une conversation vive, relevée d’expressions pittoresques et animée par l’accent marseillais. La maison était tenue au nom de Marron (aîné), comme on l’a appris déjà ; mais ce que les confidents les plus intimes de madame Marron (aîné) savaient sur le compte de cet époux, se bornait à dire qu’ils ne l’avaient