Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je suis chasseur.

— À Téhéran, ce n’est pas une ressource. Fais-toi maçon ; il est forgeron, notre ami Khourshyd, moi, je suis cardeur de laine. Tu me donneras un quart de ta solde ; le sultan aura la moitié, en sa qualité de capitaine ; tu feras de temps en temps un petit cadeau au nayb ou lieutenant, qui n’est pas trop fin, mais non plus pas méchant ; le colonel, naturellement, prend le reste, et tu vivras comme un roi avec ce que tu gagneras.

— Les maçons gagnent donc beaucoup à Téhéran ?

— Ils gagnent quelque chose. Mais il y a, en outre, une foule de moyens de se rendre la vie agréable et je te les enseignerai.

Il m’en enseigna un en route et ce fut bien amusant. Comme il avait sur lui sa commission de vékyl, nous nous présentâmes dans un village en qualité de collecteurs des impôts. Les paysans furent complètement nos dupes, et, après beaucoup de pourparlers, nous firent un petit présent pour que nous consentissions à ne pas lever les tailles et à leur donner un sursis de quinze jours ; ce que nous accordâmes volontiers, et nous partîmes couverts de bénédictions. Après quelques autres plaisanteries du même genre, qui, toutes, tournèrent à notre profit, à notre amusement et à notre gloire, nous fîmes enfin notre entrée dans la capitale, par la porte de Shimiran, et nous allâmes, un beau