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Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/319

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de la semaine, il guettait, et il savait ces détails de point en point.

En marchant, il secoua son long couteau dans sa ceinture, afin de s’assurer que la lame ne collait pas au fourreau. Arrivé à la porte de la maison de son oncle, il entra. Derrière lui, il repoussa les battants, il les assujettit avec la barre, il tourna la clef dans la serrure. Il ne voulait pas être surpris ni empêché. Quelle honte, s’il eût manqué sa première entreprise !

Il traversa le corridor sombre conduisant dans la cour étroite et cette cour, elle-même, en sautant pardessus le bassin, qui en marquait le centre. Puis il monta trois degrés, se dirigeant vers la chambre, d’Elèm. Tout à coup il se trouva face à face avec sa cousine, qui, debout au milieu du corridor, lui barrait le passage. Elle avait quinze ans et on l’appelait Djemylèh, « la Charmante ».

— Le salut soit sur toi, fils de mon oncle ! lui dit-elle, tu viens pour tuer Elèm !

Mohsèn eut un éblouissement et ses yeux se troublèrent. Depuis cinq ans, il n’avait pas vu sa cousine. Comme l’enfant, devenue femme, était changée ! Elle se tenait devant lui dans toute la perfection d’une beauté qu’il n’avait imaginée jamais, ravissante par elle-même, adorable dans sa robe de gaze rouge à fleurs d’or, ses beaux cheveux entourés, il ne savait comment, dans des voiles bleus, transparents, brodés