Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/338

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masquer le lieu de sa retraite et rejoignit la femme dans le souterrain. Je restai quelques minutes pour me convaincre qu’il n’allait pas sortir. Il ne bougea pas. L’aube commençait à rougir le ciel ; je vous avertis, et, maintenant, prenez tel parti qui vous paraîtra le plus sage.

Osman n’avait pas interrompu le récit de son nayb. Quand celui-ci cessa de parler, il se leva et lui donna l’ordre de réveiller ses fils et ses hommes. Ce monde s’étant mis sur pied, la troupe vengeresse entra en campagne sous la conduite de celui qui venait de révéler la retraite des amants et on ne doutait pas qu’ils ne fussent à cette heure profondément endormis, se croyant en parfaite sécurité.

Pour se trouver ainsi réduits à l’asyle des chakals et des chiens, il fallait qu’un accident imprévu les eût privés de la protection qu’ils avaient la confiance de trouver, quand ils étaient sortis de la demeure assiégée de Mohammed. En effet, les malheureux enfants n’avaient pas eu de bonheur. Ils étaient, à la vérité, arrivés sans malencontre jusqu’à la maison de leur parent Iousèf, très-éloignée de celle qu’ils quittaient. Djemylèh, peu accoutumée à des marches si longues, et, d’ailleurs, frêle et délicate, éprouvait une fatigue extrême, mais qu’elle n’avouait pas ; elle se consolait par le bonheur d’être auprès de Mohsèn et l’espérance de se trouver bientôt en sûreté avec lui. Mais celui-ci eut beau ébranler la porte à coups de crosse de fusil ;