Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Votre Excellence ignore donc que les deux frères, Osman et Mohammed, ne vivent pas en parfaite intelligence ?

— Je ne me rappelle pas trop si je l’ignorais, répliqua Abdoullah avec une expression méprisante ; les Ahmedzyys sont généralement des gens de trouble, et on n’aurait jamais fini de compter leurs querelles ; pour le moment, d’après ce que vous avez la bonté de me dire, Osman déteste son frère Mohammed, et le fils de celui-ci ; il ne veut pas d’union entre les deux familles, poursuit son neveu pour l’égorger et sa fille pour l’assassiner, et Mohsèn s’enfuit chez moi, et demande asile aux Mouradzyys. Vous conviendrez, Moulla, que voilà des gens bien dignes d’intérêt.

Ici Abdoullah secoua la tête, enchanté de sa démonstration et du mépris dont il venait d’accabler ses ennemis héréditaires. Mais le Moulla ne se laissa pas intimider par ce ton de sarcasme, et, avec sang-froid, reprit ainsi la parole :

— Sans nul doute, la jeune fille mourra et son complice avec elle. Ce n’est pas là ce qui fait la question. Osman-Beg désire seulement apprendre si vous consentez à lui livrer ses esclaves fugitifs ou prétendez les défendre ; c’est uniquement ce que je viens vous demander.

— Supposons, dit Abdoullah, en se penchant vers le prêtre d’un air confidentiel, que je ne sois pas éloigné de vous complaire, qu’en résulterait-il d’avan-