Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/402

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et dorment, on ne s’en inquiète pas. Si ce sont de très-grandes dames, on leur donne, au lieu de ces kedjavèhs, un takht-è-révan, une grande boîte portée sur deux bêtes, l’une devant l’autre derrière ; cela tangue et roule comme un vaisseau ; elles sont fort bien là-dedans. Mais vos femmes sont trop raffinées ; vous leur apprenez tant de choses, vous les gâtez si fort, qu’il est impossible de les traiter de cette façon-là. Mon avis est donc qu’elles ne doivent pas venir dans nos pays, où il n’existe pas de voitures, pas de beaux meubles, et où, en revanche, on a trop de soleil, trop de chaleur ou trop de froid, beaucoup de fatigues, et elles n’y peuvent tenir.

— Que signifie cette crainte que vous voulez me donner, Kerbelay-Houssein ? répondit-il. Grâces au Ciel, ma femme est forte, bien portante et jusqu’ici elle s’est accommodée de tout et n’a souffert de rien.

— Sans doute, sans doute  ! Gloire à Dieu qu’il en ait été ainsi ; mais voilà que les difficultés commencent. Enfin, tout ira bien, inshallah  ! inshallah  ! Je ne veux pas vous effrayer sans raison, effendum, mais vous rendre précautionneux ; car vous savez que d’ordinaire, vos pareils ne savent guère ce que c’est que le bon sens. J’espère qu’il n’en est pas ainsi pour vous. J’ai un joli petit cheval qui va l’amble. Je vous l’enverrai tout de suite pour porter votre maison ; il vaut mieux que sa monture actuelle.

Valerio remerciait le digne muletier, quand on en-