Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/57

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Mais il y aura aussi des Musulmans, Aga-Kan et Shems-Eddyn-Bey.

— Sais-tu si Grégoire Ivanitch y sera ?

— Je ne sais pas ; mais le seigneur maître de police dit qu’il faudra mettre vos plus beaux habits ; vous aurez de grands cadeaux.

La petite souillon sortit.

— De grands cadeaux, de grands cadeaux ! c’est facile à dire, murmura les Splendeurs de la Beauté ; on ne manque jamais de m’en promettre autant chaque fois, et, si j’y croyais, je mourrais de faim. Enfin, on ira, c’est clair. Comment s’en empêcher ? Pour toi, mes yeux, puisque te voilà comme mariée à un Kaïmakam, tu n’as pas besoin d’amuser ces chiens, et tu peux rester ici, si cela t’arrange.

— Cela ne m’arrange pas du tout ; j’irai au contraire avec vous et les autres chez le gouverneur. Voyez ! je viens de faire trois fois de suite l’Istikhareh pendant que vous parliez à Dourr-al-Zemân (la Perle du Temps, c’était le nom authentique de la jeune maritorne), et trois fois j’ai eu le même nombre de grains.

Elle montrait son chapelet qu’elle serrait des deux mains ; elle balbutia entre ses dents un bout de prière et se leva. Les Splendeurs de la Beauté ne trouva absolument rien à répliquer à un argument aussi fort que celui d’une décision de l’Istikhareh, et comme elle venait de se donner des fatigues inusitées, elle rentra dans sa chambre pour dormir jusqu’à l’heure de sa