Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de perfections des Splendeurs de la Beauté, cette reine sûre de ses triomphes, elle troublait chacun, et il fallait un effort pour se soustraire à sa magie.

Jamais cantatrice à la mode ni comédienne en renom n’ont exécuté leur entrée dans un salon européen avec plus de dignité que ne le firent les danseuses, et ne furent reçues avec plus d’hommages ! Elles ne saluèrent personne que les deux dignitaires musulmans à qui elles adressèrent toutes, sauf Omm-Djéhâne, un coup d’œil d’intelligence des plus flatteurs, coup d’œil auxquels ils répondirent par un sourire discret et en se caressant la barbe d’un air dont se fût honoré le maréchal duc de Richelieu. Cela fait, les dames s’assirent pressées les unes contre les autres, dans un coin de la salle, sur le tapis, et prirent l’air parfaitement désintéressé de personnes qui sont là pour faire tapisserie.

Cependant, derrière elles, avaient paru quatre hommes, auxquels personne ne donna la moindre attention. Ils allèrent s’accroupir dans l’angle du salon opposé à celui qu’occupaient les danseuses ; c’étaient les musiciens. L’un tenait une guitare légère appelée târ ; l’autre une sorte de rebec, violon à long manche ou kémantjêh ; le troisième avait un rebab, autre instrument à cordes et le quatrième un tambourin, élément indispensable de toute musique asiatique, où le rhythme doit être extrêmement marqué.

D’une voix unanime, la société demanda le commen-