Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/112

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plus encore dans notre fuite qu’il ne nous est nécessaire.

— Cela n’est pas aussi certain que vous le pensez, répondit l’infidèle épouse du Seigneur, car je suis décidée à faire le bonheur d’une de nos mères qui n’aspire qu’à s’enfuir du couvent, qui ne veut ni d’un amant ni d’un mari, et qu’il s’agit seulement de mener à Trieste, d’où elle compte gagner l’Allemagne. M. de Bianconero aura-t-il bien tant de bonté que de l’accompagner dans ce périlleux voyage - j’entends, jusqu’à Trieste - et cela en engageant sa parole de gentilhomme de ne la point tourmenter pour savoir son nom ou même pour voir son visage ?

— Mais, ma toute charmante, de quel nouveau soin embarrassez-vous mon amour ?

— D’aucun, cher chevalier, car j’aime tant mon amie que, si vous refusez, je reste.

— Peste ! murmura M. de la Mézie visiblement contrarié. Essayons.

Et, s’approchant de don César, il lui dit d’un air dégagé :

— Mon cher comte, remerciez-moi, je fais votre bonheur ! Une femme ravissante, belle, aimable et faite au tour, qui a conçu pour vous un vif sentiment d’estime (j’oubliais de vous dire qu’elle est religieuse dans ce monastère), a envie d’aller à Trieste et voudrait vous avoir pour compagnon de route. Convenez, mon cher comte, que la fortune vous traite en enfant gâté. Cette plaisanterie sera du goût le plus exquis, et n’était la petite Angélique