Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/10

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ou du palais Vanier, bien que les fenêtres à grands cintres, couronnées de guirlandes massives, n’aient pas tout à fait l’air somptueux de leurs modèles sur le canal Grande, bien que, surtout, les édifices que l’on contemple manquent de largeur et d’ampleur, possédant rarement plus d’un étage, encore est-il que l’on retrouve là un souvenir vivant et juste, quoique rapetissé, de l’ancienne souveraine de l’Adriatique. Perpendiculairement à cette rue que je décris et dont la chaussée est rayée à l’italienne de deux larges lignes de dalles, s’ouvrent des ruelles étroites, obscures, assez mystérieuses, serpentantes, qui ne sont pas moins caractéristiques que la voie tout ouverte et toute droite à laquelle elles aboutissent ; celle-ci représente l’élégance et la gaieté italiennes, les autres en figurent l’astuce et les dangereuses réserves.

Dans la grande rue, au coin d’une des ruelles, existe un hôtel, un des plus beaux de la ville. Il appartient, comme il a toujours appartenu, à la famille des comtes Lanza, une des plus illustres maisons de l’île. Je ne crois pas qu’elle soit fort ancienne ; tout est neuf