Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/109

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peau d’ours, il alla se coucher. Dès le matin, de bonne heure, il était sur pied, et trouva la majeure partie de ses officiers déjeunant à la hâte, pour courir reprendre leur partie de cricket et revêtir des costumes étranges, que tout véritable Anglais chérit en pareille circonstance. Des bottes montantes ou des brodequins de couleur, des pantalons de tricot blanc serré ou des hauts-de-chausses bigarrés flottants sur les hanches, des camisoles rouges, ou bleu de ciel, ou rayées de mille façons, le cou, les bras nus jusqu’à l’épaule, quelquefois des gants de peau de daim, des casquettes extravagantes ou des chapeaux de paille avec des rubans, et l’énorme battoir, instrument du jeu, sur l’épaule, c’est dans cet équipage que le gentleman imbu du respect de lui-même doit se produire à l’admiration publique ! Que ce soit sur une prairie anglaise, sur une savane de l’Australie, en vue d’une pagode de la Chine, sur une plaine glacée aux environs du pôle Nord, un Anglais de bonne fame et renommée qui va jouer au cricket ne saurait s’affubler autrement sans se compromettre. Norton souhaita beaucoup de plaisir à ses compagnons, et