Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/117

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en est prestigieux. La mer, les vents, la pluie, les tempêtes ont en vain souillé de leurs haleines ces masses énormes d’une matière divine ; elles gardent toute leur noblesse et toute leur beauté et l’étalent pompeusement au long de ces rivages. Quelques voyageurs ont déjà fait l’observation que le seul fait d’être bâtie en marbre, et même en marbre brut, suffit pour mériter à Gênes l’appellation glorieuse de Gênes la Superbe ; que peut-on dire d’une île dont les rochers sont du marbre et du marbre parent de celui d’où sortirent jadis la Vénus et tant de milliers de divinités maîtresses de l’admiration du monde ? Akrivie n’analysait pas ses sensations, et n’en eût pas trouvé les moyens dans sa petite raison ignorante ; mais elle sentait comme par un pouvoir magnétique, et, se dit Henry en lui-même, par cette sorte d’affinité que toutes les expressions de la beauté ont entre elles, le voisinage et l’effet de la splendeur dressée devant ses regards.

On résolut d’aller se promener dans l’île, et de ne partir qu’à la nuit pour Santorin.

Chacun était gai et excité. Il est sans doute agréable de naviguer avec une jolie femme, mais