Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/184

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tandis que les deux amants s’absorbaient dans leur musique. Cependant, tout en écoutant une dissertation passionnée de Harrison sur le prix probable auquel la morue allait monter cette année, il vit qu’O’Lary, assis sur un tabouret à côté de Jenny et accroupi comme un singe, s’était caché la tête dans ses mains, et aux dernières notes du chant, quand il releva son visage, l’avocat avait des larmes plein les yeux. Il se releva brusquement, tira à lui Jenny, la considéra d’un regard plein d’amour et sortit comme il était entré.

La journée se passa à merveille. Les jeunes filles menèrent Charles à la campagne ; madame Harrison ne parut pas, et il ne fut pas question d’elle. On mangea, on se promena, et on se mit à table régulièrement à l’heure du dîner, qui fut solennel. Il y avait trente deux convives, et parmi eux des personnages marquants. Ensuite vint le bal.

Jenny dit à Charles :

— Voulez-vous me permettre un conseil ?

— Mais je vous en serai très reconnaissant.

— Ne dansez qu’avec mes trois dernières sœurs et les jeunes personnes que je vous indi-