Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/189

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cours : « John O’Callaghan, si vous restez ici, je vous attendrai, fût-ce vingt ans. Mais si vous partez, je ne réponds de rien. »

— Et il est parti ?

— Non, il est resté. Il a permuté avec un autre officier dans une compagnie coloniale, et il n’est pas capitaine ; mais il voit Kate tous les jours et il attend.

— Il s’est déshonoré !

— Qui ? O’Callaghan ? Pourquoi déshonoré ?

— Comment ! son régiment va se battre et il reste auprès d’une femme !

— Ah çà, vous plaisantez ? Quel mal voyez-vous à cela ?

— Mais le mal, que tout le monde a dû dire qu’il avait peur.

— O’Callaghan avoir peur ? Voilà une bonne idée ! Non, mon cher et aimable petit monsieur, nous autres Irlandais nous n’avons pas peur, et nous nous soucions très peu de l’opinion des sots. C’est le colonel lui-même qui a conseillé à O’Callaghan de rester ici, et il n’y a pas un plus brave garçon dans le monde ; et celui qui dirait le contraire pourrait s’attendre à recevoir sur la figure les deux poings