Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/198

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en faisant cette réflexion avec un juste mépris, ne put s’empêcher de remarquer que les yeux étaient splendides, les couleurs d’une fraîcheur nacrée et rosée incomparable, les cheveux du blond le plus avenant et d’une opulence magique, et tous les mouvements empreints de cette grâce parfaite qui ne s’apprend pas et que la nature seule peut donner aux êtres heureux auxquels elle a accordé une taille sans défauts.

— Vous allez bien vous ennuyer avec nous, monsieur, dit Lucy en levant timidement les yeux sur le nouvel arrivant.

— Ah ! mademoiselle, répondit celui-ci…, et il s’inclina, parce qu’il serait de mauvais goût de nos jours de se répandre en compliments vieillis ; c’est déjà beaucoup de les sous-entendre.

On arriva rapidement près de terre, et au moyen de l’embarcation amenée par Lucy, on descendit. Barton avait communiqué à sa fille cette nouvelle agréable qu’il lui rapportait de Saint-Jean beaucoup de choses.

— Voyez-vous, ma chère, avait dit le gros homme, j’ai là pour vous une armoire à glace comme la reine d’Angleterre n’en a pas. Huit robes de soie et tout ce que j’ai pu trouver de