Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/31

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lui eussent suffi pour lui faire croire à une sympathie dont il avait soif ; il se figura, parce qu’il en mourait d’envie, que cet admirable comte Lanza, qui avait donné dix thalaris à sa tante autrefois, et qui lui parlait avec une si onctueuse affection, était un ami que le ciel lui envoyait tout parfumé d’intentions excellentes, et, d’abondance de cœur, sans rien omettre, avec le luxe d’expressions colorées qu’il employait dans son style épistolaire, il lui raconta son histoire d’un bout à l’autre.

Il lui raconta que son inclination pour Sophie avait commencé, il y avait un an, jour pour jour, à la campagne, à Zante, où la jeune fille était allée passer trois semaines avec sa mère. La jeune demoiselle s’était vite laissé persuader, Gérasime en convint, avec des transports de reconnaissance et d’amour qui excluaient jusqu’au soupçon d’une vanité quelconque. Il répéta mille fois que ses vues ne rendaient qu’à demander sa main à deux genoux, à l’obtenir, s’il le pouvait, et qu’il ne comprenait pas pourquoi la comtesse Palazzi l’avait si brusquement exclu de son cercle, sans qu’il eût quoi que ce soit à se reprocher.