Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/36

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d’avoir pu encore une fois mettre sur du papier ces phrases de roman qui dépeignaient si bien et si agréablement à leur auteur l’état intéressant de son âme.

Le comte Jérôme, qui, pendant le temps que Gérasime écrivait, avait paru lire avec componction la traduction d’un discours du général Foy sur la liberté des peuples, reçut enfin la précieuse épître des mains de son protégé, embrassa celui-ci avec effusion sur les deux joues, en le pressant contre son cœur, et dans une péroraison que l’amoureux aurait trouvée sublime s’il n’avait pas eu des doutes véhéments sur l’honnêteté de l’orateur, celui-ci paraphrasa la généreuse maxime : Vaincre ou mourir ; puis il alla trouver madame Palazzi, et eut avec elle un entretien qui dura au moins deux heures, et à la suite duquel Sophie fut appelée chez sa mère.

Le comte était parti. Madame Palazzi, roulant son chapelet dans ses mains d’un air fort ennuyé, n’eut pas ouvert la bouche qu’à ses premiers mots Sophie décida ceci : Ma mère récite une leçon.

— Ma bonne petite, dit la belle Caroline,