Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/48

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cas que les gens maltraités pèchent plutôt par excès que par faute de soupçons ; ils soupçonnent tout le monde, et, si on les en croyait, on arrêterait toute une ville. Le vieux Lanza fit exception à la règle, et se refusa à désigner qui que ce fût, ce qui parut extraordinaire. Les médecins déclarèrent qu’il était atteint mortellement, et que ce serait beaucoup s’il vivait quelques heures encore. On se décida à le laisser tranquille.

Quand il se vit seul avec Madame Palazzi et Sophie, qui pleuraient à sanglots sans s’arrêter, le comte dit à son amie :

— Ma chère, c’est Gérasime qui me tue. Je l’ai reconnu au moment où il se penchait sur moi, bien qu’il eût un voile sur la figure. Je ne veux pas que la justice se mêle de cette affaire-là, qui ne la regarde pas ; mais, au contraire, si l’on venait à trouver quelques traces compromettantes, vous allez me jurer de faire tous vos efforts pour innocenter Gérasime. Vous direz, sous serment, que vous savez son innocence. Puis vous prendrez dans ma maison, que je laisse à Sophie, autant d’argent qu’il vous en faudra pour que Géra-