Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/73

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Aucun bateau-poste ne circule entre la plupart des îles et la Grèce continentale, et cela pour cette raison excellente que ces petits territoires ne possédant ni commerce ni industrie, ni importation ni exportation, ne donnent lieu à l’échange d’aucunes correspondances. Chaque quinzaine seulement, une goélette part de Syra, pour Paros, y porte quelque peu de lettres ou de paquets à cette destination, et quand, par un hasard fort rare, il s’en trouve pour Naxie, une barque quelconque s’en charge à loisir ; ce mode de circulation suffit parfaitement. De la sorte, les journaux arrivent dans l’île ; mais quel intérêt peuvent-ils exciter chez des gens confinés chez eux et n’ayant nulle envie d’en sortir ; ne lisant jamais rien, ne sachant rien des choses de ce monde et ne se souciant pas d’en rien savoir ; ne possédant que des vignes, des oliviers, des orangers, des grenadiers et, par-ci par-là, quelques moutons, et vivant comme l’homme d’Horace dans une médiocrité, laquelle d’ailleurs n’est pas dorée ? Tout au plus ces philosophes pratiques ramassent-ils au hasard dans ce qu’ils apprennent de la sorte, à bâtons rompus, quelques sujets de conversation peu passion-