Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/77

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Quelques femmes tenaient de beaux enfants dans leurs bras. Tout ce monde salua l’étranger d’un air de bonne humeur, et flanqué de ses introducteurs, gravissant un sentier étroit à travers les ruines de toute espèce, les gravats et les places vides, il parvint, après quelques minutes d’une ascension assez roide, jusqu’à une porte surbaissée, dernier reste de la citadelle. Cette issue, un peu sombre, l’introduisit dans une ruelle pavée de dalles. C’était la grand’rue ; elle montait en serpentant à travers des maisons à un étage, affectant les formes de l’architecture italienne du dix-huitième siècle. Sur chaque porte étaient gravés des écussons d’armoiries. Ce lieu sombre et frais avait si peu de passants, qu’il ressemblait plus à la cour d’une habitation privée qu’à une voie publique. De distance en distance, un mulet chargé de bois, de légumes ou de fruits, cheminait en choisissant son terrain avec prudence.

M. de Moncade s’arrêta devant une porte voûtée, armoriée à la clef comme les autres, et faisant un profond salut au commandant, il le pria de lui faire l’honneur de se reposer un instant chez lui, requête aimable aussitôt ac-