Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/84

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De pareilles visions se produisent quelquefois et sont trompées ; elles dépendent de l’humeur où l’on est, du temps qu’il fait, d’un bien-être physique mieux senti. Les natures nerveuses non seulement s’ébranlent en mille occasions à propos de tout et à propos de rien, et, qui pis est, elles s’abandonnent volontiers à la créance que leurs oscillations sont d’une importance prophétique et leur ouvrent l’avenir. Il arrive, en conséquence, qu’elles s’égarent ; mais ce serait un genre particulier de superstition que de réduire en axiome qu’elles se trompent toujours.

En tout cas, ceci est certain : Norton s’avança vers le petit manoir le cœur tout ouvert, l’âme exaltée d’une joie sans cause et se laissant caresser l’esprit par mille idées, par mille pensées, par mille sentiments tous plus vifs, plus gais, plus animés les uns que les autres.

Naturellement, dans cette île montagneuse de Naxos, on monte constamment ou l’on descend. Ici les promeneurs gravirent encore un sentier caillouteux et tournant, fort roide, et furent ainsi conduits à travers quelques cours et par-devant des maisons de paysans jusqu’au