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leur base. Un des résultats principaux de cette nouvelle façon de procéder était de trouver définitivement une ligne de démarcation si nette et si forte entre l’homme et l’orang, qu’il devenait à jamais impossible de retrouver entre les deux espèces le lien imaginé par Camper. En effet, le premier coup d’œil jeté sur deux crânes, l’un d’orang, l’autre d’homme, examinés par leurs bases, suffit pour faire apercevoir des différences capitales. Le diamètre antéro-postérieur est plus allongé chez l’orang que chez l’homme ; l’arcade zygomatique, au lieu de se trouver comprise dans la moitié antérieure de la base crânienne, forme, dans la région moyenne, juste un tiers de la longueur totale du diamètre ; enfin, la position du trou occipital, si intéressante par ses rapports avec le caractère général des formes de l’individu, et surtout par l’influence qu’elle exerce sur les habitudes, n’est nullement la même. Chez l’homme, elle occupe presque le milieu de la base du crâne ; chez l’orang, elle se trouve repoussée au milieu du tiers postérieur (1)[1].

Le mérite des observations d’Owen est grand, sans doute ; je préférerais cependant le plus récent des systèmes cranioscopiques, qui en est, en même temps, le plus ingénieux, à bien des égards, celui du savant américain M. Morton, adopté par M. Carus (2)[2]. Voici en quoi il consiste :

Pour démontrer la différence des races, les deux savants que je cite sont partis de cette idée, que plus les crânes sont vastes, plus, en thèse générale, les individus auxquels appartiennent ces crânes se montrent supérieurs (3)[3]. La question posée est donc celle-ci : Le développement du crâne est-il égal chez toutes les catégories humaines ?

Pour obtenir la solution voulue, M. Morton a pris un certain nombre de têtes appartenant à des blancs, à des Mongols, à des nègres, à des Peaux-Rouges de l’Amérique du Nord, et, bouchant avec du coton toutes les ouvertures, sauf le foramen magnum, il a rempli complètement l’intérieur de grains de

  1. Prichard, ouvrage cité, t. I, p; 60.
  2. Carus, Ueber ungleiche Befaehigng etc., p. 19
  3. Id., ibid, p 20.