Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/177

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que voici : « Les « Madjars sont d’origine finnoise, parents des Lapons, des Samoyèdes, des Esquimaux, tous gens de petite taille, à faces larges et à pommettes saillantes, à teints jaunâtres ou bruns sales. Cependant les Madjars ont une stature élevée et bien prise, des membres longs, souples et vigoureux, des traits pareils à ceux des nations blanches et d’une évidente beauté. Les Finnois ont toujours été faibles, inintelligents, opprimés. Les Madjars tiennent parmi les conquérants du monde un rang illustre. Ils ont fait des esclaves et ne l’ont pas été ; donc … puisque les Madjars sont Finnois, et, au physique comme au moral, diffèrent de si loin de tous les autres rameaux de leur souche primitive, c’est qu’ils ont énormément changé (1)[1].  »

Le changement serait tellement extraordinaire, s’il avait eu lieu, qu’il serait inexplicable, même pour les Unitaires, en supposant, d’ailleurs, les types doués de la mobilité la plus excessive ; car la métamorphose se serait opérée entre la fin du IXe siècle et notre époque, c’est-à-dire dans un espace de 800 ans seulement, pendant lequel on sait que les compatriotes de saint Étienne se sont assez peu mêlés aux nations au milieu desquelles ils vivent. Heureusement pour le sens commun, il n’y a pas lieu à s’étonner, puisque le raisonnement que je vais combattre, parfait d’ailleurs, pèche dans l’essentiel ; les Hongrois ne sont certainement pas des Finnois.

Dans une notice fort bien écrite, M. A. de Gérando (2)[2] a désormais réduit à rien les théories de Schlotzer et de ses partisans, et prouvé, par les raisons les plus solides, tirées des historiens grecs et arabes, par l’opinion des annalistes hongrois, par des faits constatés et des dates qui bravent toute critique, par des raisons philologiques enfin, la parenté des Sicules avec les Huns et l’identité primitive de la tribu transylvaine

  1. (1) Ethnology, p. 439. — « The Ungarian nobility… is proved by historical and philological évidence to have been a branch of the great Northern-Asiatic stock, closely allied in blood to the stupid ann feeble Ostiaks and the untamable Laplanders. »
  2. (2) Essai historique sur l’origine des Hongrois, Paris, in-8o, 1844.