Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/226

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gros de ce peuple avait simplement changé d’habits, et on l’a méconnu quand il s’est mis à jouer le rôle d’apôtre sur la scène du monde, où, depuis longtemps, on ne le remarquait plus sous ses noms anciens. Il faut tenir compte encore d’un fait capital. Dans cette agrégation de familles si diverses, chacun apportait sans doute sa quote-part à la prospérité commune. Qui, pourtant, avait donné l’impulsion, qui soutint l’élan tant qu’on le vit durer, ce qui ne fut pas long ? Uniquement, le petit noyau de tribus arabes sorties de l’intérieur de la péninsule, et qui fournirent non pas des savants, mais des fanatiques, des soldats, des vainqueurs et des maîtres.

La civilisation arabe ne fut pas autre chose que la civilisation gréco-syrienne, rajeunie, ravivée par le souffle d’un génie assez court, mais plus neuf, et altérée par un mélange persan de plus. Ainsi faite, disposée à beaucoup de concessions, elle ne s’accorde cependant avec aucune formule sociale sortie d’autres origines que les siennes ; non, pas plus que la culture grecque ne s’était accordée avec la romaine, parente si proche et qui resta renfermée tant de siècles dans les limites du même empire. C’est là ce que je voulais dire sur l’impossibilité des civilisations possédées par des groupes ethniques étrangers l’un à l’autre, de se confondre jamais.

Quand l’histoire établit si nettement cet irréconciliable antagonisme entre les races et leurs modes de culture, il est bien évident que la dissemblance et l’inégalité résident au fond de ces répugnances constitutives, et du moment que l’Européen ne peut pas espérer de civiliser le nègre, et qu’il ne réussit à transmettre au mulâtre qu’un fragment de ses aptitudes ; que ce mulâtre, à son tour, uni au sang des blancs, ne créera pas encore des individus parfaitement aptes à comprendre quelque chose de mieux qu’une culture métisse d’un degré plus avancé vers les idées de la race blanche, je suis autorisé à établir l’inégalité des intelligences chez les différentes races.

Je répète encore ici qu’il ne s’agit nullement de retomber dans une méthode malheureusement trop chère aux ethnologistes, et, pour le moins, ridicule. Je ne discute pas, comme eux, sur la valeur morale et intellectuelle des individus pris isolément.