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Peu à peu est sortie, pour moi, de cette théorie, l’observation plus détaillée et plus minutieuse des lois que j’avais posées. J’ai comparé les races entre elles. J’en ai choisi une au milieu de ce que je voyais de meilleur et j’ai écrit l’Histoire des Perses, pour montrer par l’exemple de la nation aryane la plus isolée de toutes ses congénères, combien sont impuissantes, pour changer ou brider le génie d’une race, les différences de climat, de voisinage et les circonstances des temps.

C’est après avoir mis fin à cette seconde patrtie de ma tâche que j’ai pu aborder les difficultés de la troisième, cause et but de mon intérêt. J’ai fait l’histoire d’une famille, de ses facultés reçues dès son origine, de ses aptitudes, de ses défauts, des fluctuations qui ont agi sur ses destinées, et j’ai écrit l’histoire d’Ottar Jarl, pirate norvégien, et de sa descendance. C’est ainsi qu’après avoir enlevé l’enveloppe verte, épineuse, épaisse de la noix, puis l’écorce ligneuse, j’ai mis à découvert le noyau. Le chemin que j’ai parcouru ne mène pas à un de ces promontoires escarpés où la terre s’arrête, mais bien à une de ces étroites prairies, où la route restant ouverte, l’individu hérite des résultats suprêmes de la race, de ses instincts bons ou mauvais, forts ou faibles, et se développe librement dans sa personnalité.

Aujourd’hui on aime les grandes unités, les vastes amas où les entités isolées disparaissent. C’est ce qu’on suppose être le produit de la science. A chaque époque, celle-ci voudrait dévorer une vérité qui la gêne. Il ne faut pas s’en effrayer. Jupiter échappe toujours à la voracité de Saturne, et l’époux et le fils de Rhée, dieux, l’un comme l’autre, règnent, sans pouvoir s’entre-détruire, sur la majesté de l’univers.