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Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/300

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Un des traits principaux de la dégradation des Chamites, et la cause la plus apparente de leur chute dans le gouvernement des États assyriens, ce fut l’oubli du courage guerrier et l’habitude de ne plus prendre part aux travaux militaires. Cette honte, profonde à Babylone et à Ninive, ne l’était guère moins à Tyr et à Sidon. Là, les vertus militaires étaient négligées et méprisées par ces marchands, trop absorbés dans l’idée de s’enrichir. Leur civilisation avait déjà trouvé les raisonnements dont les patriciens italiens du moyen âge se servirent plus tard pour déconsidérer la profession du soldat (1)[1].

Des troupes d’aventuriers sémites s’offrirent en foule à combler la lacune que les idées et les mœurs tendaient à rendre, chaque jour, plus profonde. Ils furent acceptés avec empressement. Sous les noms de Cariens, de Pisidiens, de Ciliciens, de Lydiens, de Philistins, coiffés de casques de métal, sur le front desquels leur coquetterie martiale inventa de faire flotter des panaches, vêtus de tuniques courtes et serrées, cuirasses, le bras passé dans un bouclier rond, ceints d’une épée qui dépassait la mesure ordinaire des glaives asiatiques et portant en main des javelots, ils furent chargés de la garde des capitales et devinrent les défenseurs des flottes (2)[2]. Leurs mérites étaient moins grands toutefois que l’énervement de ceux qui les payaient (3)[3]. La très haute noblesse phénicienne était la seule partie de la nation qui, quelque peu fidèle aux souvenirs de ses pères, les grands chasseurs de l’Éternel, eût



(1) Ewald, Gesch. d. V. Israël, I, 294. Les Carthaginois ne se montrèrent pas plus militaires que les Tyriens. Ils employaient des stipendiés.

(2) Ewald, ouvrage cité, t. I, p. 293 et pass. Ces troupes mercenaires jouèrent un très grand rôle dans tous les États chamites et sémites d’Asie et d’Afrique. Les Égyptiens mêmes en enrôlaient. Au temps d’Abraham, les petites principautés de la Palestine se confiaient sur elles de leur défense. Phicol, que la Genèse appelle le chef de l’armée d’Abimélech (hébreu) Gen., XXI, 22), était probablement un condottiere de cette espèce. Plus tard, la garde de David fut aussi composée de Philistins. Tout cela prouve combien les mœurs générales étaient peu militaires.

(3) Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I, p. 294.


  1. (1) Ewald, Gesch. d. V. Israël, I, 294. Les Carthaginois ne se montrèrent pas plus militaires que les Tyriens. Ils employaient des stipendiés.
  2. (2) Ewald, ouvrage cité, t. I, p. 293 et pass. Ces troupes mercenaires jouèrent un très grand rôle dans tous les États chamites et sémites d’Asie et d’Afrique. Les Égyptiens mêmes en enrôlaient. Au temps d’Abraham, les petites principautés de la Palestine se confiaient sur elles de leur défense. Phicol, que la Genèse appelle le chef de l’armée d’Abimélech (hébreu) Gen., XXI, 22), était probablement un condottiere de cette espèce. Plus tard, la garde de David fut aussi composée de Philistins. Tout cela prouve combien les mœurs générales étaient peu militaires.
  3. (3) Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I, p. 294.