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L’araméen n’offre encore qu’une désertion négative de l’esprit mélanien. Il ne dévoile pas des formes nettement étrangères à ce système. En regardant un peu plus loin, géographiquement parlant, se présente bientôt l’arménien ancien, et là, sans aucun doute, s’aperçoivent des nouveautés. On met la main sur une originalité qui frappe. On la regarde, on l’étudie : c’est l’élément indo-germanique. Il n’y a pas à en douter. Bien limité encore, faible peut-être, toutefois vivant et imméconnaissable.

Je poursuis ma route. À côté des Arméniens sont les Mèdes. J’écoute leur langue. Je constate encore et des sons et des formes sémitiques. Les uns et les autres sont plus effacés que dans l’arménien, et l’indo-germanique y occupe une plus grande place (1)[1]. Aussitôt que j’entre sur les territoires placés au nord de la Médie, je passe au zend. J’y trouve encore du sémitique, cette fois à l’état tout à fait subordonné. Si, par un pas de côté, je tombais vers le sud, le pehlvi, toujours indo-germanique, me ramènerait cependant vers une plus grande abondance d’éléments empruntés à Sem. Je l’évite, je pousse toujours plus avant dans le nord-est, et les premiers parages hindous m’offrent aussitôt le meilleur type connu des langues de l’espèce blanche, en me présentant le sanscrit (2)[2].

Je tire de ces faits cette conséquence que, plus je descends au midi, plus je trouve d’alliage sémitique, et qu’à proportion où je m’élève vers le nord, je rencontre les éléments blancs dans un meilleur état de pureté et avec une abondance incomparable. Or les États assyriens étaient, de toutes les fondations



(1) Un érudit d’une réputation aussi grande que méritée, M. de Saulcy, a émis une théorie nouvelle au sujet du médique, dans lequel il découvre des éléments appartenant aux langues turques. En adoptant cette très intéressante hypothèse, il deviendrait indispensable sans doute d’ajouter une partie constitutive de plus au médique. Mais les rapports existant aussi dans le sein de cet idiome, entre l’indo-germanique et le sémitique, et que je signale, n’en seraient pas troublés. (Voir F. de Saulcy, Recherches analytiques sur les inscriptions cunéiformes du système médique, Paris, 1850.)

(2) Klaproth, Asia polyglotta, p, 65 ; voir aussi, au sujet du médique, Rœdiger et Pott, Kurdische Studien, dans la Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes, t. III, p. 12-13.


  1. (1) Un érudit d’une réputation aussi grande que méritée, M. de Saulcy, a émis une théorie nouvelle au sujet du médique, dans lequel il découvre des éléments appartenant aux langues turques. En adoptant cette très intéressante hypothèse, il deviendrait indispensable sans doute d’ajouter une partie constitutive de plus au médique. Mais les rapports existant aussi dans le sein de cet idiome, entre l’indo-germanique et le sémitique, et que je signale, n’en seraient pas troublés. (Voir F. de Saulcy, Recherches analytiques sur les inscriptions cunéiformes du système médique, Paris, 1850.)
  2. (2) Klaproth, Asia polyglotta, p, 65 ; voir aussi, au sujet du médique, Rœdiger et Pott, Kurdische Studien, dans la Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes, t. III, p. 12-13.